Cher blog,
J’ai trouvé l’endroit que je déteste le plus à Kyoto, et je ne plaisante pas, il est vraiment horrible.
Tous les matins, pour rejoindre le centre où je prends mon petit-déjeuner, je fais le trajet à pied; 40 minutes de marche (ce qui est cool, car il ne fait pas encore trop chaud et c’est le long des rivières et canaux).
C’est d’ailleurs sur ce chemin que je croise la délinquance du 3e âge, que ce soit ceux qui jettent leurs sacs plastiques de déchets dans le canal comme si de rien n’était, ou bien les petites vieilles à chiens (si on peut appeler cela des chiens) qui ne ramassent pas les crottes (alors qu’il y a des panneaux partout). Mais il y a pire que cela.
Un peu plus loin que le pont Aifuka, il y a le train qui enjambe la rivière. Et ces idiots de Japonais n’ont pas trouvé mieux que de nous faire passer en dessous des rails. C’est pile à cet endroit-là que l’horreur surgit de partout. Ces monstres à huit pattes sont partout sur les 10 mètres qui me permettent de rejoindre le côté libre du canal.
Bordel, il y a plus d’araignées sur ces 10 mètres que dans tout le Japon. Je suis même sûr qu’il y a plusieurs espèces endémiques à ce pont. Et comme j’y vais tôt, aux alentours de 6 h 30 du matin, eh bien je suis dans la panade, car depuis qu’elles savent que je passe par là, elles font des toiles immenses pour m’attraper, j’en suis sûr.
Alors que faire, tu vas me dire. J’ai développé 3 techniques.
La première est tout simplement de ramper au sol tel un marine à l’entrainement. Ce n’est que 10 mètres après tout. Par contre, bien que cela ne soit pas un passage fréquenté le matin, le soir quand je reviens, c’est plus problématique. Certains Japonais, je pense, m’ont pris pour un taré et ont surement déjà appelé la police. De plus, je remarque que les araignées font leurs toiles de plus en plus bas, se rapprochant inexorablement du sol. À un moment, je n’y arriverai plus, malheureusement.
La deuxième technique est tout simplement d’attendre un pigeon (coureur, vieux, etc.) et de le suivre. Ainsi, il attrapera toutes les toiles et moi je n’aurai qu’à marcher sur son cadavre en toute sécurité. Seul problème… il n’y a pas grand monde le matin. Je pense qu’ils sont tous au courant et qu’ils attendent tous que je passe… j’ai la mauvaise impression que c’est moi le pigeon dans l’histoire.
Enfin, dernière technique découverte hier, faire un détour de 30 mètres. Il y a un petit chemin juste avant qui contourne le pont, il est bien caché et connu uniquement des locaux, mais après en avoir torturé un ou deux, ils ont craché le mot de passe qui me permet de passer en toute sécurité.
Sans déconner, ce pont ne devrait pas exister.