La méthodologie mediapart.

Cela fait un bout de temps que j’ai de plus en plus de mal avec certaines pratiques du journalisme en matière d’informations. J’en avais déjà parlé ici et ici, mais je me rends compte que c’est de pis en pis.

Le premier exemple qui me traverse la tête, ce sont les sondages (où statistiques), si vous saviez à quel point la réalité est loin des beaux slides qui sont montrés à l’écran. Si vous voulez vous marrer un jour, demandez à un journaliste mainstream la définition d’une marge d’erreur ou d’un écart type.

Alors quand mediapart a écrit un article expliquant la méthodologie, je me suis dit : “chouette, je vais enfin comprendre” et… comment dire… pfffff!!!

Cet article nomme “Léo Grasset : comment Mediapart a enquêté” est un article qui répond à la vidéo de dirtybiology qui dénonçait (pour faire simple) une manipulation d‘un autre article de médiapart sur le comportement (pour faire large) de LéoGrasset lui-même. Et … rien ne va dans ce qui est écrit.

Avant tout chose, pour les deux du fond, je vais répéter ce que j’ai déjà dit, le grassetgate… m’en tape. J’espère qu’il continuera à faire des vidéos, et j’espère qu’il y aura un procès parce que j’ai plus confiance dans la justice que dans le journalisme. Pour le reste, cela ne me regarde pas. Par contre, le travail des journalistes, la méthodologie employée, cela m’intéresse un peu plus.

Alors, qu’est-ce qui ne va pas à mes yeux.

Se faire un nom.

La première chose qui m’a choqué dans l’article, c’est une simple phrase, celle-ci:

l’absence d’animosité personnelle ? Faut arrêter ! C’est un mensonge que les journalistes n’auraient aucune animosité, qu’ils publient ce genre de scandale pour … informer ? Si c’était pas le youtubeur star, Médiapart n’aurait rien publié, si c’était pas Nicolas Hulot ou bien PPDA, il n’y aurait pas eu d’émission sur france2. Elise Lucet (qui est quand même très connu pour déformer quelque peu la réalité dans ses cash investigations) chie à la gueule des victimes, du moins c’est l’impression que j’ai en regardant son travaille.

Eh ce ressentiment, je l’ai à chaque fois que des témoignages sortent dans la presse. Ce qu’il faut, c’est se faire un nom. Si le violeur/politicien n’est pas connu, le journalisme s’en fout. Mais c’est même pire que cela, j’ai l’impression que le travaille des journalistes, aujourd’hui, participe à l’invisibilisation des victimes au profit d’une chasse aux clics et aux titres accrocheurs, et quel meilleurs titre lorsqu’un nom connu est dans le titre.

Le manque de preuves publiées

Si je prends le cas de Léo Grasset (et de sa vidéo), c’est que, je pense, c’est la première fois que je vois quelqu’un remettre en doute le travail journalistique de façon argumentée (pour ce que vaut l’argumentation, mais c’est une autre question). Or le manque de preuves des journalistes, c’est pas la première fois que je le vois.

Pourquoi les journalistes ne postent-ils pas les screenshots, les conversations Whatsapps (anonimysé evidemment) ? Par exemple, dans le premier article de MDP, il n’y a rien. Pas de photos, pas de textes en entier, non rien (en tout cas, j’ai pas trouvé sur internet). Alors, ça coupe, ça charcute, cela sort de son contexte.

Le pire étant l’excuse. Dans Marianne, Lenaig dit :

Parce que s’il y a bien un endroit où on manque de place, c’est sur internet bien sûr.

Le problème est donc que d’un côté, j’ai un mec qui dans sa vidéo donne des screenshots (ou j’ai mis une pause et lu) et de l’autre une journaliste qui, de deux textos assez longs en sort une phrase entrecoupée de[…].

Ils ont eu accès à des milliers de messages, mails, Whatsapp, etc. et aucun n’a été publié. Aucune capture d’écran possible. Raison officielle : Il n’y a pas assez de place sur internet ?? C’est une blague, on est d’accord.

Les arguments pétés.

Même chose, ce n’est pas la première fois, je vois cela. Par exemple, il y a écrit(pour lenaig) qu’il y a plus d’un an de travail (pas à plein temps). Mais quoi ? Supposons 1 heure de travail par semaine, cela fait 52 heures (sans les vacances), soit 2 jours, c’est un peu peu pour vérifier des milliers de mails, non ? Une 1h de travaille par jour, cela fait 180 heures, soit, à raison de 8h par jour, un peu plus de 20 jours en cumulée. C’est un peu peu aussi pour accuser quelqu’un de viol. Alors je suppose que c’est plus, mais combien ?

Il y a comme une idéologie dans le journalisme que plus on travaille sur un sujet plus ce sujet doit être vrai…ce qui est faux. (un autre exemple ici).

Le principe du contradictoire

Ce principe du contradictoire justifierait la vérité journalistique (parce que quand on ne se défend pas, c’est qu’on a tort).

Ça me fait penser à ce dessin

Malheureusement, je ne vois pas en quoi le principe du contradictoire serait un gage de qualité. Comment 6 mois d’enquête (si faite) pourrait être contredit par une interview de 10 minutes. Si dans la justice, cela fonctionne car le temps est identique aux victimes et à l’agresseur, dans le journalisme, c’est différent. Cela penche toujours d’un coté, et seulement une fois que le journaliste s’est fait une idée de la vérité. Supposons que le journaliste soit un François de pignon ? Qu’il ait inventé l’histoire complètement, mais sans s’en rendre compte. Comment contredire ce maladroit ? On ne peut pas.

En conclusion

Il y a plein d’autres remarques qui pourraient être faites sur le journalisme, mais cela dépasserait le billet de Lenaig(vous avez jamais remarqué que les journalistes se pressent à gueuler qu’une enquête est ouverte, mais jamais qu’elle est fermée, ou bien le storytelling, ou la fameuse “diffamation” ,etc.).

Je ne dis pas, non plus qu’il faut arrêter de lire les journaux, je regarde et lis plein de news d’infos : de quotidien à courrier international, RTBF, Libé, Lemonde (leurs Lives sont excellents). Ce qui m’embête, c’est plus le niveau de croyance qu’il faut mettre dans ce type de journalisme qui est, me semble-t-il, anormalement élevé pour une méthodologie censée fonctionner d’elle-même.

Il y a une phrase zététicienne qui dit que des affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires. Alors quand il s’agit de reportages, de microtrottoires, pourquoi pas, quand il s’agit de guerre, d’accident, ou il existe énormément de preuves vidéos, OK, mais il me faut plus que 30 000 signes storytellé pour me convaincre de la culpabilité d’un mec ou d’une entreprise quelle qu’il soit (politicien, youtubeur, etc.), et c’est dommage, cela ne le devrait pas.

lien en vrac

https://blogs.mediapart.fr/lenaig-bredoux/blog/291122/leo-grasset-comment-mediapart-enquete

https://www.mediapart.fr/journal/france/230622/retour-sur-l-affaire-leo-grasset

https://www.mediapart.fr/journal/france/230622/star-de-youtube-leo-grasset-est-mis-en-cause-par-plusieurs-femmes

https://www.marianne.net/societe/medias/violences-sexuelles-apres-la-reponse-de-leo-grasset-mediapart-pris-au-piege-du-continuum

https://www.mediapart.fr/journal/france/211122/un-magistrat-ordonne-la-censure-prealable-d-une-enquete-de-mediapart?userid=827e2c48-eca0-4dcf-8a80-b7fd6377e4c6

https://www.sudouest.fr/justice/censure-de-mediapart-la-justice-doit-trancher-ce-mercredi-13186902.ph p

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