Pourquoi les journalistes ne mettent jamais de références ?

Dans les années 90, pour s’informer, il y avait principalement 2 moyens : le journal télévisé et le journal papier. Point d’internet, point de messagerie instantanée, point de tout cela.

source : ici

Puis le web arriva et avec lui une nouvelle forme de journalisme : le journalisme online ou l’e-journalisme. Aujourd’hui, pour moi cela consiste en 3 catégories : les natifs (les journatifs ?), Les IRL (les journatirls ?) et les fermées (les fermalistes ?).

  • Les natifs sont les portails d’informations nées sur internet. Ils se sont construits avec ce nouvel outil d’émancipation et n’ont dès lors, dans un premier temps pas couru après l’argent et la gloire. Cela comprend pour moi des sites comme Numerama, ou PcInpact. Mais aussi Wikipédia (wiki news) ou bien même des blogs spécialisés.
  • Les IRLS ou les journaux mainstreams. Ils vendaient du papier, faisaient des émissions et ont vu internet comme un eldorado, croyant les appels de sirènes leur dire que la publicité leur rendra riche, powered et indépendant. Malheureusement, ce sont ceux qui aujourd’hui, par l’intermédiaire de procès, d’articles 11, etc. veuillent transformer internet en IRL.
  • Enfin les fermé. Il s’agit, par exemple en France de Médiapart. Il faut payer pour pouvoir les lires, point-bar. Comme je n’ai aucun abonnement à aucun journal en ligne payant, nous n’en parlerons que très peu par la suite.

Évidemment, rien n’empêche un éditorialiste de passer d’une catégorie à une autre ou même d’être dans plusieurs catégories à la fois dépendant de l’information (articles, analyse, etc.)

Donc globalement, pour moi, il y a 3 catégories de journaux sur internet : Les JT, les JP et l’e-journalisme. Cette dernière contenant 3 sous-catégories, les journatifs, les journatirls et les fermalistes (oui j’aime inventer des mots). Ce n’est pas une vérité scientifique, c’est juste ma vision du journalisme actuel. Rien de méchant là-dedans.

Mon problème n’est de toute façon pas là, mon problème est au niveau des sources. Malheureusement, ce mot a été novlangué. Il regroupe en son sein deux concepts.

  • Le premier est lié à la protection des sources, c’est-à-dire que le journaliste ne peut divulguer, pour des raisons évidentes qui sont derrière la fuite.
  • Le second est lié à la référence de l’article. Globalement c’est les « selon le ministère de… », « d’après un chercheur Intel… », « selon “le document public X…”. Je parle bien de tout ce que tout le monde peut vérifier par soi-même.

Pourtant Wikipédia, dans son début d’article sur les sources, fait d’ailleurs une différence entre source et référence

Le concept de “source” ne doit pas être confondu avec celui de “référence”. Une référence ne prétend qu’à l’identification objective et raisonnée d’éléments bibliographiques, dont le nom de l’auteur, relatif au document.

Donc, si j’ai bien compris, la source est quelque chose de non divulguable (en gros, on fait confiance au journaliste), la référence, c’est quand un journal se fait relais d’une information et dit d’où vient l’info. Dans la suite nous parlerons uniquement référence.

Je vais vous dire quel est mon problème, je lis (entre autres) @lalibre (sur le site internet), mais pas que. Je vais faire l’exercice avec eux mais ayez en tête que cela peut être fait avec n’importe quel journal en ligne.

Premier exemple : Incendie en Californie : plus de 1000 personnes sont portées disparues.

La Libre donne une information. Ici “plus de 1000 personnes disparues” et… pas de source cliquable. Il y a bien un commun “AFP”, mais ce n’était pas comme si cela aidait. Si je voulais trouver la source : il faudrait, une fois l’article lu, prendre le nom du shérif (ici -> Kory Honea) le taper dans un moteur de recherche et… rien de probant.

Alors oui, ici, il n’y a peut-être pas de site d’information officiel qui permettrait (comme ici) d’avoir la référence mais je suis désolé, en tant que journaliste, il n’est pas normal de mettre une information pareil sans autre lien qu’une laconique AFP. Et si AFP ne veut rendre publiques ses informations, à charge des journalistes de la libre de trouver cette information autre part car cela m’étonnerait tout simplement que Kory Honea, américain ait parlé directement à l’AFP….

Mais soyons honnêtes, ce n’est pas le pire.

Deuxième exemple : Les éoliennes réduisent les émissions de gaz à effet de serre mais contribuent au réchauffement à la surface de la Terre.

ça c’est le pire. Comment faire pour trouver la source, l’article des chercheurs ? Car ce qui me gêne ici est, non pas l’information, mais l’interprétation de l’information scientifique par les journalistes. Or on sait qu’en matière de science, le journalisme est assez laxatif. Il suffit de taper homéopathie dans n’importe quel moteur de recherche d’un journal pour s’en rendre compte.

Pourquoi n’y va-t-il pas la référence ? Pourquoi n’y va-t-il pas un lien cliquable (et je dis bien cliquable) vers l’article scientifique en lui-même ?

Voyez-vous mon problème ?

Mais ce n’est pas tout. J’ai une autre impression et celle-là est beaucoup plus problématique. Il me semble que les sites complotistes référencent beaucoup plus leurs informations. Alors certes, vers des informations tout aussi connes mais en attendant il y a des références cliquables et ça, c’est problématique quand on est crédule.

À la télé, quand Jean-Pierre Pernaudt disait, “selon le ministre Intel…”, il m’était de toute façon impossible de vérifier. S’il disait “d’après une étude américaine…”, si je voulais vérifier la source (ou la référence, vous avez compris), je devais demander de l’argent de poche, je devais prendre l’avion jusqu’en Amérique, aller voir le gars et lui demander le papier (ou lui écrire une lettre, ou lui passer un coup de téléphone, bref, n’importe quoi dans un monde ou internet n’existait pas).

Dans un journal écrit, c’est pareil, et même acceptable aujourd’hui d’avoir un “selon le rapport de la Cour des comptes” et ne pas mettre ou trouver le rapport de la Cour des comptes en bas de page ou que sais-je.

Par contre sur internet, c’est différent. Le lien sur internet c’est la vie. La norme sur internet, c’est le lien. Quand vous publier une information sur internet votre référence DOIT être un lien CLICKABLE et non un simple “selon Intel…”. Pourtant, j’ai une grande impression que ce n’est pas le cas. Des sites comme La Libre, j’ai l’impression que j’en croise plein et des informations non référencées comme sur le site de la libre, j’ai l’impression qu’il n’y a que cela, en particulier chez les journaux-IRLs. Or soyons francs, il n’y a pas que des enquêtes journalistiques à protection de sources ou alors le métier de pigiste n’existerait pas.

De plus, une affirmation avec une référence à beaucoup plus d’impact qu’une information sans. Et je suis même sûr qu’une information sur internet avec une référence cliquable à plus d’impact qu’une information sans référence cliquable. (Gamification light, quand tu nous tiens).

Je cherche donc à savoir s’il existe des études scientifiques, statistiques, qui pour chaque e-journal, il existerait un KPI qui mettrait en exergue le nombre d’informations sourcées cliquables. Cela consisterait en un rapport : Nombre d’information publiée référence cliquable ces 12 derniers mois divisée par nombre d’informations publiées ces 12 derniers mois (fois 100 parce que… voilà).

Ce KPI (que j’ai envie d’appeler, EQS pour E-journalism quality source) serait un moyen de comparaison entre les journaux en lignes. Entrent les sites d’informations en ligne voire même entre les sites complotistes.

Donc pour résumé :

  • Existe-t-il des études qui montrent la crédibilité d’un article en fonction du nombre de références cliquable ?
  • Existe-t-il un KPI qui permet de mesurer le rapport nombre d’articles ayant des références/le nombre d’articles total ? et ce pour les 12 derniers mois (et on pourrait imaginer un article KPI scientifique, etc.

En bref, comment mesurer la qualité du journalisme

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