Petite réflexion sur l’intelligence des homéopathes

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En passant devant un centre de médecine alternative (titre totalement abscons), la plaque montrait, sur une dizaine de praticiens, 3 homéopathes. 3 personnes qui avaient décidé de mettre 6 ans d’études (minimum) de côté pour prendre la route du charlatanisme. Et la question qui vient en premier est évidemment : « Pourquoi cette voie ? » Pour quelle raison des êtres doués de raisons choisissent de passer outre pour se lancer dans la vente de sucre en gros ! Ils ne sont pas moins cons que quiconque et ce serait même tout le contraire, car s’il y a bien une science qui demande un certain niveau d’intelligence, c’est bien la médecine ; un médecin qui fait une connerie, cela se compte en mort (alors qu’un imprimeur, à moins d’envoyer l’imprimante dans la gueule d’un client…). Alors pourquoi ces gens intelligents sont-ils devenus marchands de tapis ? Petite réflexion de bout de chandelle avant d’aller dormir.

Au départ, il y a papa et maman qui sont probablement médecins aussi, car il faut l’admettre, les études de médecine sont assez élitistes et se transmettent de parents à enfants. Qui ne connait pas un médecin dont les parents sont médecins, mais plus que cela. Qui connait un médecin dont les parents ne sont pas dans la médecine ? Cela a toujours été une chose rare et encore plus dans ce monde d’aujourd’hui où l’ascenseur social est en panne (n’a-t-il jamais fonctionné ?).

Les raisons de cette affiliation consanguine sont évidemment multiples : le cabinet est à la maison, les livres d’anatomies sont, aux yeux des enfants des livres d’images… qu’importe. Toujours est-il que lorsque vous êtes enfant de médecin, il y aura un conditionnement induit à suivre la voie qu’ont ouvert vos parents.

Et comme les premières années de médecine sont principalement études, guindaille… et études ; pour ceux qui réussisse, le sentiment d’avoir fait le bon choix est là, ce qui réconforte en plus papa et maman de voir leurs tendres chérubins de marcher dans leurs pas.

Mais les aficionados du stéthoscope froid découvrent rapidement la réalité du terrain, car si les livres d’anatomies sont remplies d’images, les hôpitaux sont remplis de malade et les gardes remplies de nuit blanche. S’il y a bien un métier qui ne peut pas être choisi par défaut, c’est médecin. On ne mettra jamais une vie d’un patient en danger en récitant de gros livres par cœur. Par contre, on la risque lorsque vous êtes devant un patient qui convulse, aux urgences durant une pandémie et qu’il faut agir vite, ou au bloc à devoir triturer un cerveau sans bousiller la conscience du type. Non, décidément ce n’est pas un métier pour tout le monde, il faut avoir du cran et tenir le stress. Et je ne parle pas de la paie qui, bien que plus élevée que la moyenne, n’est pas non plus au niveau des miracles qu’ils réalisent (et ce n’est pas la médaille de Macron qui va changer quelque chose).

Et c’est là où le problème commence. Comment annoncer à votre famille, si fière de vous, que ce métier n’est pas pour vous, alors que vous avez réussi les premières années simplement par étude ? Comment leur dire que ce que vous aimiez dans la médecine, c’était les dessins dans les gros livres de la bibliothèque et regarder le dessin animé « Et voici la vie » ?

Si certains ont le courage de l’annoncer, une famille n’est pas l’autre et d’autres préfèrent continuer et terminer malgré eux. Mais alors que faire avec une vie qui va vous dégouter ? Car si le suicide est un peu radical (mais cela arrive), il y a « médecin homéopathe » pardi !

En effet, Homéo, c’est tranquille. La majorité des maladies sont des petits bobos qui peuvent se guérir tout seuls (comme dit le dicton, une grippe c’est 7 jours avec médocs, 1 semaine sans), et les 8 ans de médecine permettent à ces charlatans de déceler tout de même les maladies graves. Sans parler de l’effet contextuel (placébo, blouse blanche, etc.) une clientèle (parce que « patient », c’est un peu exagéré) de personne entre 20 et 50 ans, garantit des heures stables, des risques faibles, peu de stress et une bonne paie, etc. Et si jamais un cas grave survient (un cancer par exemple, que vos années de médecines vous auront appris à déceler quand même…), un homéo aura toujours un discours de soutien à présenter (faites de la chirurgie, mais mes petites granules vont améliorer le tout).

Décidément les Medecin-Homéopathe ont vraiment eu la meilleure intelligence du monde : terminer leurs années de médecine afin de pouvoir vivre confortablement à conseiller des gens en bonne santé que leurs gélules de sucres soignent des maladies qu’ils n’ont pas.

Pour paraphraser la célèbre phrase : Homéopathe, c’est 5 ans de médecine, tout le reste de sucré.

Intelligent, je vous dis.

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