J’ai été attaqué par un terroriste (Et reflexion sur le sentiment d’insécurité.)

Il n’y a pas longtemps, j’ai été attaqué par un terroriste. Heureusement pour moi, il était assez con, sans quoi je ne serais pas là pour en parler. Mais par contre, j’ai quand même des questions sur le déroulement des choses, et en particulier sur la sécurité à Bruxelles.

Rentrant du centre de Bruxelles pour rejoindre mon appartement (ce que je fais souvent à pied), je passe par la rue Rodebeek. La rue Rodebeek est une rue qui part du bâtiment de la Commission Européenne pour rejoindre les beaux quartiers de Schaerbeek. En clair, elle se trouve pile poil dans les bâtiments du drapeau bleu et il n’y a pas 20 mètres où il n’y a pas une ambassade, etc… Bref, le quartier est normalement sûr (c’est pas comme Anderlecht :-D).

Pourtant, après avoir traversé le rond-point Shuman (là où il y a le bâtiment de la Commission européenne), je commence à remonter l’avenue Rodebeek. Et sur les premiers 10 mètres, un mec sort de sa voiture en gueulant des mots, tient dans sa main un objet et se met à hurler à littéralement 1 mètre de moi : « Alors voilà, DAECH va s’occuper de vous. » Véridique. Heureusement, l’objet était un téléphone avec lequel il filmait et non une arme (pffff, mais quand même). Puis il a fait la même chose avec deux jeunes Marocains qui marchaient derrière moi, et ainsi de suite, etc…

Après quelques 10aines de mètres, j’appelle la police, j’explique ce qui se passe, ce que je me souviens (parce que croyez-moi, on regarde ces pieds à ce moment-là). Et là, après 5 minutes, 5 camionettes de flics (tu m’étonnes, c’est le quartier européen), débarquent. Malheureusement, le type s’est barré par le métro et les flics n’ont pas eu le temps de l’attraper. Bref, voilà globalement les faits, du moins ce que je m’en souviens (d’ailleurs, si quelqu’un trouve la vidéo sur Internet, je suis preneur).

Alors,

Y a beaucoup de choses à dire sur ce qui m’est arrivé (les gens cons qui font comme si de rien n’était, moi qui regarde mes chaussures en espérant que cela passe… comme un con, etc.), la procédure policière, etc.), mais mon problème n’est pas là. Non, le problème est qu’il n’y avait aucun flics quand c’est arrivé. C’est Shuman, c’est le quartier européen, et… il n’y avait personne.

Et c’est là que je me suis fait la réflexion suivante : la police est devenue un produit de consommation et non un service, au sens où il faut la consommer, l’utiliser. Si je n’avais pas appelé, rien ne se serait passé. Et d’ailleurs, le sentiment d’insécurité ne viendrait-il pas de là (quand ce n’est pas plus que le sentiment) ?

Je vais de temps en temps au Japon (quand mon portefeuille me dit oui) et s’il y a bien un truc que tout le monde remarque, c’est la présence policière, non pas de répression, mais de service. Même dans les parcs privés, les flics font des rondes, regardent si tout va bien. Je ne serais pas donner un chiffre comme cela, mais sur deux heures, il doit bien avoir 5-6 rondes. Sans parler des kokubans, sans parler des agents, etc. Par contre dans ma ville, …Sans dec, c’est quand la dernière fois que j’ai vu des policiers marcher dans la rue dans la capitale de l’europe ? À Bruxelles, tous ceux que je vois sont en voiture.

Je m’installe de temps en temps dans le plus grand parc de Bruxelles et la dernière fois, pendant 1 heure en pleine journée, en plein beau temps, je n’en ai vu passer aucun. Des voitures aux loins, certes (et encore), mais des policiers qui marchent, qui rondent, non. J’ai l’impression que la police travaille comme les pompiers : les flics sont dans leurs casernes et attendent qu’on les appelle. triste.

Il n’y a pas longtemps, je lisais un article sur la RTBF concernant les les chiffres de l’insécurité et leur non-réalité. Mais en fait, c’est plus que cela. J’ai l’impression que les chiffres sur l’insécurité sont comme les chiffres sur les trains en retard, un peu arrangé.

Parce que la vraie question pour moi est : sur 100 interventions de la police, combien sont triggerées par les citoyens ? Et combien par la police ? (Et si on fait le rapport entre les 2, on a un Kpi). Ou pour le dire plus simplement quelle est la part d’intervention se basant sur les appels de citoyens par rapport à ceux basés sur les policiers (flagrants délits ?). Par exemple les infractions routières sont en majorité policières, mais pas les accidents (quand t’as un accident, t’appelle). Ni les cambriolages… je crois.

Il existe un Observatoire de la violence (https://safe.brussels/) qui contient plein de rapports et de données, mais je n’ai pas trouvé ce que je cherchais. Par contre, il y a des indices qui me donnent un peu raison. Par exemple, le service Police-on-Web est mis en avant. Pour le vol de vélo, sur 5000 vols à Bruxelles, 1700 ont été faits par PoW, mais est-ce que cela veut dire que les autres ont été pris sur le fait par les flics ? Non, simplement que les gens volés ont été au poste de police… Mais combien sur les 5000 sont dus à des contrôles ou à des flagrants délits ? Aucun, probablement, si les flics restent assis chez eux jusqu’à ce qu’on les appelle.

Aujourd’hui, j’ai l’impression que les flics sont comme des tickets à la boucherie. Il faut en prendre un pour être servi. Et là vient ma réflexion : si, en Belgique, il faut consommer la police comme on consomme une course Uber, c’est que c’est au citoyen d’être vigilant, non à l’État de garantir la sécurité. l’état n’a plus la nécéssité d’être pro-actif, mais simplement d’attendre que le téléphone sonne. Ce qui fait que c’est au citoyen de prendre en charge la vigilence. Et quelqu’un de vigilant est stressé, quelqu’un de stressé devient paranoïa et se sent en insécurité.

Si seulement on voyait plus de flics/stewards faisant leur promenade. Pas verbaliser, pas menacer, juste faire des rondes et marcher. Cela rassurait tellement plus que des patrouilles en voiture.

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