C’est moi où le syndrome de l’imposteur n’existe pas.

Depuis un certain temps, j’entends partout, « syndrome de l’imposteur » par-ci, « syndrome de l’imposteur » par là. Syndrome qui expliquerait pourquoi les gens seraient gênés de réussir qqch. On s’est tous reposé sur ce syndrome à un moment ou un autre, mais avec le recule et depuis 10 ans, je n’y crois plus et voici pourquoi.

Imposteur, qu’est-ce que c’est ?

Commençons par une définition un peu simple (il y en a une plus longue sur Wikipedia). Le syndrome de l’imposteur consiste à rejeter mais de manière maladive, la réussite liée à leur travail.

En gros, le chef, la boite, récompense quelqu’un, car il a super bien travaillé, et cette personne a l’impression qu’elle ne mérite pas tant d’éloge. Imaginez-vous qu’au retour de 4 semaines de maladie, on vous elit employé de l’année (avec bonus et tout et tout). Vous le prendriez comment ? Mal. Certainement. Comme un sentiment de vol, un sentiment que vous avez pris la place de quelqu’un d’autre, que vous ne le méritez pas… Eh bien ça, c’est le syndrome de l’imposteur. Syndrome auquel je n’y crois pas.

La réussite

Tout part de la définition de la réussite. Et surtout de sa définition dans le monde du travail où le mot réussite est intimement lié à la méritocratie. Vous savez, cette notion qui dit que si tu te donnes à 200 % au travail, tu seras récompensé de 1000 fois.

En fait, ce qui est assez drôle, c’est que je pense en avoir souffert dans une ancienne entreprise où je travaillais (avec un manager incompétant qui entretenait sa petite cour, tout ça, tout ça, tout ça). On me disait que si les autres avaient plus que moi, c’était parce que je n’étais pas trop ainsi, que je devais m’améliorer ici, faire comme cela… Bullshit. (Mais le mauvais management, cela sera pour un autre blog).

Et après un burnout, je me suis rendu compte de bien des choses, mais surtout (et c’est surtout ce qui nous interresse), que la réussite ne dépends pas du travail.

Mieux que cela, il n’y a aucun lien entre réussite et travail. Je dirais même plus, si vous pensez réussir en travaillant, arrêtez de travailler, cela ne sert à rien.

Mais alors, de quoi dépend la réussite ? Vaste question, mais réponse simple. Aujourd’hui, je pense que la réussite dépend de 3 choses : la production, les relations et la chance. « Oui, mais …, la production, c’est le travail », dites-vous dans un coin de votre tête. Eh bien, c’est faux. Mais reprenons.

La production

Je vais peut-être casser un mythe, mais il n’y a aucun lien entre production et travail. Car qu’est-ce que la production, si ce n’est l’accomplissement, la création d’une chose. En aucun cas, créer à partir de rien n’est illégal, tout comme l’inverse. Dans produire, il y a la notion de produit, de concret, alors que dans travail, il n’y a pas cela. Produire, c’est arriver à créer quelque chose, travailler n’est qu’un moyen d’y arriver.

Par exemple, il y a un mois, j’ai décidé de lire une bande dessinée par jour. Ça, c’est du travail (du chouette travail, mais du travail quand même). Ai-je produit quelque chose rien qu’en lisant ? Non. Par contre, quand j’ai décidé d’en faire une critique par jour sur mon compte Mamot (abonne-toi), là j’ai produit des trucs, des messages sur Mastodon. Ok, ce n’est pas de la grande production, mais c’est de la production quand même.

Idem pour les livres que j’écris. L’écriture est un travail, mais j’ai produit un manuscrit. Idem pour ce blog, tant que je n’ai pas cliqué sur publié, je n’ai rien produit. Et bien sûr…idem pour le job.

Au travail, on produit plein de trucs sans même s’en rendre compte : comme des réunions, des rapports, des powerpoints, etc.

Mais pour produire, est-ce qu’il faut réellement travailler ? Non, ou en tout cas, moins que ce que la plupart des gens le pense. Par exemple, au travail, supposez que vous mettez une réunion pour résoudre un problème. Vous invitez toutes les personnes concernées, mais vous n’y allez pas. La réunion se fait sans vous et le problème trouve une solution. Avez-vous travaillé ? Non (mise à part la création de la réunion). Avez-vous résolu le problème. Oui. Car c’est vous qui avez créé la réunion. Allez-vous avoir le mérite… Certainement.

L’autre exemple est tout simplement les livres créés par IA. Au-delà des débats sur le droit d’auteur, un livre créé par l’IA est un produit sans travail, (Mise à part les 2-3 clics) y a-t-il eu du sang et des larmes ? Non. Rien comparé à l’année à lire, relire et corriger son manuscrit.

Donc non, production et travail ne sont pas liés. Le deuxième est un moyen d’arriver au premier. Il fut un temps où c’était probablement le seul moyen d’arriver au premier, mais (et j’en suis pas sûr) avec l’avancée technologique, il est fort probable qu’il n’y aura plus besoin de travailler pour produire.

Par contre, si la production est indépendante du travail, en quoi produire est lié à la réussite. Si on reprend l’exemple du livre écrit par une IA, mais qu’on ne le sait pas que c’est une IA qui l’a écrit. La seule chose jugeable est le résultat. Le produit est l’API qui cache l’outil utilisé. Tantot c’est du travail, tantôt, c’est des copier-coller, tantôt, c’est l’IA, mais qu’importe tant qu’on a produit.

Bref, la réussite dépend de ce que l’on produit…mais pas que.

Les relations

Les relations sont ce qui va vous donner accès à la réussite. Car une fois produit quelque chose, il faut le présenter à quelqu’un et ce quelqu’un forme une relations avec vous. Au plus vous avez de relation, au plus votre produit sera convoité. Ainsi, quelqu’un qui produit des meetings où personne ne vient ne servira pas a grand chose, quelqu’un qui produit des messages sur les SNS sans qu’un algorithme les mette en contact avec de potentiels followers ne servira à rien.

A tout produit, son réseau, si possible de qualité, avec les bonnes personnes au bon endroit, mais a minima qu’il soit grand.

Les réseaux sociaux en sont le meilleur exemple, au plus la « commu » est grande, au plus le produit sera connu par un grand nombre. Si beaucoup de beau parleurs, d’idiots intellectuelles, etc… vont sur les plateaux pour expliquer ce qu’ils ont écrit dans un livre inbitable, c’est graçe à leur réseaux, à leurs relations.

Et au travail, c’est pareil. Vous avez jamais remarqué que les gens qui ont une promotion, une augmentation ou autre, ce ne sont pas les gens qui travaillent le plus, mais ceux avec qui les managers s’entendent le mieux. Comme ils connaissent les hauts placés, ils sont au courant des opportunités, comme ils ont fait beaucoup de réunions, on les croit proactifs… spécial dédicaces aux externes.

Bref, pour réussir dans une société, il faut produire un truc et le montrer à tout le monde…mais pas que, sans cela, tout le monde réussirait. Il reste encore un ingrédient pour réussir, un ingrédient qui malheureusment ne nous met pas tous sur le même pied d’égalité.

La Chance

Une fois un produit en main et une fois les amis haut placés acquis, il faut encore que cela prenne. Car oui, la chance joue un grand rôle. Sinon, chaque fois que quelqu’un produit un Slide et dit bonjour à son manager, il aurait une promotion (on en connait tous).

Mais il y a chance et chance. Ici, je ne parle pas de dés qu’on lancerait à chaque fois que quelqu’un produirait quelque chose. Enfin, si, mais alors avec des dés pipés dépendant de celui qui les lance. Je ne vais pas donner un cours de sociologie, mais il est quand même plus facile de réussir quand on est un mec que quand on est une femme, plus facile quand on est blanc que noir, etc…

La société si « méritocratique » n’a de méritocratie que le nom. Chaque citoyen nait avec un dé pipé qui détermine ses chances de réussite dans la société et dont les plus chanceux sont les hommes blancs hétéro-diplomés.

VoilÃ. Pour moi la réussite n’a rien avoir avec le travail, mais est un mélange de productions, de relations et de chances. Pour réussir, il ne sert à rien de s’époumoner au travail, simplement de montrer au bonne personnes ce qu’on a fait et de croiser les doigts. Et si j’ai une promotion, ce n’est parce que j’ai travaillé dur, mais simplement parce que j’ai produit qqch, que je l’ai présenté aux bonnes personnes et que j’ai eu de la chance que cela prenne. Si un collègue a une promotion et pas moi, ce n’est pas parce qu’il se donne à fond et qu’il faut le récompenser, simplement que le peu qu’il a fait était là au bon moment au bon endroit.Â

Et ce syndrome de l’imposteur ne vaut rien si ce n’est un patch pour expliquer une fausse croyance. On pense vivre en méritocratie, donc on est censé travailler pour réussir. On réussit sans travailler, donc on invente un syndrome pour faire croire aux gens qu’ils ont réellement travaillé sans s’en rendre compte.

Ce truc est une merde.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_l%27imposteur#Critiques

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