Oublie Matrix et va bosser (Nick Bostrom and co…)

De tout temps, l’humain perd son temps dans des conneries. Moi le premier. Non content d’avoir rien à faire de mon samedi, je suis retombé sur article de Wikipédia qui parle de simulation et qui “prouverait” qu’on vivrait dans une matrice (à 33%).

Là où c’est drôle, c’est que ce document, cette démonstration, ce n’est pas la première fois que je l’entends. Déjà durant mes études d’informatique, j’en avais entendu parler et déjà, je trouvais l’argument un peu pété. Mais, j’avais laissé tomber parce que … jeunesse.

Or en retombant dessus ce matin, et en refaisant un (peu) de recherche, je me suis rendu compte que le débat n’était pas clos. Chose à mon sens bizarre. Pire que cela, il y a même un site qui recense moult discussions (dont le papier d’origine contenant la démonstration qu’on vit dans une simu). J’en déduis donc que cette démonstration tient la route.

Pourtant, j’ai quand même un problème. Dans tout ce que j’ai lu, je ne trouve pas mon argument, celui qui me fait penser que cette démonstration est un peu absurde. Alors… puisqu’on est sur internet et que tout le monde donne son avis, voilà pourquoi l’argument de Nick ne marche pas à mes yeux et voilà pourquoi nous ne vivons pas dans une matrice.

Un peu de contexte : Matrix Power

Concernant sa démonstration, il existe plein de sites, vidéos et papiers (à commencer par l’original) qui expliquent cette bizarrerie philosophique. Mais en résumé(pour reprendre Wikipédia) Nick (le philosophe) part du principe :

  • Qu’à un moment, une civilisation (et/ou autres) peut créer des simulations de civilisations aussi réalistes que possible et à l’infini. (des sims, plus vrais que nature)
  • Qu’ils en créent des millions (des simulateurs).
  • Que donc, statistiquement, nous en sommes l’une d’elles à quasi-coup sur.

Mais, pour arriver à cette probabilité de presque 1, il a dû faire deux hypothèses que sont :

  1. il faut atteindre la “maturité technologique” (savoir créer des simulations à foison)
  2. il faut utiliser cette “maturité technologique”

Et donc, il en arrive à la conclusion d’une chance sur 3 qu’on est dans une simulation. Comme le dit Wikipédia :

selon Bostrom, il y a de très fortes chances que l’une de ces trois affirmations soit correcte :

* Aucune civilisation ne pourra atteindre un niveau technologique incluant la faculté de créer une réalité simulée.

* Aucune civilisation, atteignant le stade technologique sus-cité, ne produira cette réalité simulée, soit par nécessité de réserver sa puissance de calcul à d’autres tâches, soit par considérations éthiques, etc.

* La probabilité que des entités telles que nous fassent partie d’une réalité virtuelle est proche de 1.

Mais le mieux est encore d’aller voir la vidéo de Monsieur Phi qui résume très bien le tout.

Le hic pour moi, c’est qu’en lisant pas mal d’articles (sur wiki par exemple), les plus grosses critiques attaquent surtout l’argument 2 à savoir que bien qu’une civilisation puisse créer des simulations, elles ne le font pas parce que (ajouter raison random ici). Or moi, mon problème quand je lis la démonstration, c’est l’affirmation O: Il est tout simplement impossible de créer des simulations parfaites (des réalités simulées) non pas parce que les civilisations E.T n’y arriveront pas, mais parce que c’est impossible … tout simplement.

Ce bon vieux Godel.

Pour accepter de vivre dans une simulation, il faut que cette simulation soit assez parfaite (aucun bug possible rendant le simulateur instable).

En clair, si nous sommes une simulation, c’est que la technologie du simulateur soit tellement avancée qu’il nous est impossible, nous, à l’intérieur de cette simulation, de nous rendre compte que nous sommes simulées. Et là j’ai un problème, car à la question :

“Est-il possible de créer une simulation parfaite ?”

La réponse est : “Non… Bizou”.

Plus sérieusement. Sachant qu’une simulation serait générée par un simulateur qui … au moins se baserait sur des règles de logique, il y aurait plusieurs problèmes à cela, mais principalement ce bon vieux Godel.

Pour ceux qui ne savent pas, ce type (Godel) est aux math (la logique) ce que Enstein est à la physique. Et il a entre autres démontré quelque chose de très important mathématiquement qui est le théorème d’incomplétude de Goedel. (Il existe aussi plein de vidéos dessus).

Je ne vais pas rentrer dans Godel (pas mon genre), mais je vais essayer de vous donner une idée de ce qu’il a démontré. Imaginez un cercle parfait (qui représenterait le monde dans lequel on vit) et imaginez que pour étudier ce cercle parfait nous n’avons que des polygones (et dont les axiomes mathématiques formeraient les côtés).

Eh ben, il y aurait toujours un espace entre la réalité et les outils mathématiques utilisés pour les étudier. Ou en d’autres termes, les outils ne seront jamais parfaits.

Godel à un peu foutu le sum dans les maths en disant qu’à partir d’axiomes restreints (arithmétique, logique, ZFC, etc. — les côtés du carré), nous ne pourrons démontrer qu’un nombre restreint d’affirmations, accepter des affirmations pour content et impossibilité pour certaines d’en démontrer la réfutabilité.

C’est-à-dire que le simulateur aurait en son sein des théorèmes faux qu’il appliquerait (pour faire simple), il y aurait donc une incohérence dans la logique même du simulateur, dans la fonctionnalité même des règles de simulations. Le simulateur ferait tourner ces théorèmes, non pas parce qu’elles ont été programmées comme fausse, mais parce qu’il est impossible d’avoir un ensemble de règles logiques consistent.

Et si nous sommes une simulation, ces règles inconsistantes devraient se voir depuis longtemps, car tout et son contraire, en informatique, cela donne des bugs suivit d’une instabilité du système de plus en plus grande.

C’est un peu comme dans un jeu, au début il y a quelques bugs de collisions, ensuite des freezes, suivit du bluescreen of death et à la fin ça plante et faut tout redémarrer.

Si nous sommes dans une simulation, cette simulation deviendrait instable au fur et à mesure, et ce sans raison. Et cette instabilité serait de plus en plus visible au fur et à mesure que le temps se passe. Or aujourd’hui, rien de tout cela. C’est même plutôt le contraire.

Le monde est beaucoup trop stable et cohérent pour que nous soyons une simulation.

La simulation de la simulation de la simulation, etc.

Mais supposons qu’il soit quand même possible de créer cette simulation parfaite. Comment cela se terminerait-il ?

Si on apprend à coup sûr que nous sommes une simulation. Pensez-vous que le monde tel d’aujourd’hui resterait ainsi ? Clairement pas. Il y aurait des guerres et des guerres et surtout de l’autodestruction sur le long terme. Bref, en partant du principe qu’une civilisation qui apprendrait qu’elle est simulée , elle se détruirait à son coup sûr.

Et, à partir du moment ou une civilisation se simule elle-même, si cette simulation va se comporté différemment si elle à la preuve qu’elle est simulée. Et ainsi cette simulation n’aura plus rien à avoir avec celle qui a essayé de la simuler.

Donc si une civilisation(Civ) est capable de créer des simulations aussi parfaites que sa propre civilisation. Cela veut dire que cette simulation a le pouvoir de créer des sous-simulations. Comme Civ à créé CivSim1, et que CivSim1 est une copie exacte ou quasi exacte de Civ, cela veut dire que CivSim1 à la compétence de créer une simulation d’elle (CivSim2).

Par cette logique, il pourrait exister une infinité de simulations qui simule sa propre civilisation. Toutes ressembleront à la civilisation Civ. Cela veut dire que tous les paramètres de Civ seront transmis à la civilisation simulée. Ainsi si Civ vit dans un univers en énergie de 100 (j’invente), SimCiv1 aura un univers en énergie de 100 aussi (car Civ créer une simulation qui lui ressemble), si ce n’est que la réalité sera de 100 moins l’énergie du simulateur (on va dire 1).

Or SimCiv1, car c’est une copie de Civ, voudra créer une simulation d’elle-même. L’univers de la simulation SimCiv2 sera construit avec un paramètre en énergie de 100 toujours, mais sera en fait de 98 (100,moins 2 simulateurs, etc.).

Et ainsi de suit jusqu’à ce que le système soit plein, car, quelle que soit la façon de créer cette simulation, il ne peut y en avoir une infinité, mais un nombre fini (N) de simulations. Et cette civilisation N (la dernière) se trouvera confrontée à un mur illogique. Toutes les lois disent que l’univers contient 100 en énergie, mais il lui sera impossible de créer un simulateur qui prend 1 d’énergie. Sa conclusion sera qu’elle est simulée. Elle s’autodétruira (ou prendra un autre chemin que Civ, ce qui reviendrait au même. Bref, elle n’est plus Civ).

La civilisation N-1 (qui observe la civilisation N) ne comprend pas pourquoi ils n’arrivent pas à créer un simulateur et ne pourront en conclure qu’une seule chose : qu’ils sont simulés aussi ! Comme ils sont à la limite des ressources allouées, pour eux, il suffit de créer deux simulateurs, N pour se rendre compte que le second ne sera pas possible de créer.

Idem pour N-2 qui en arrivera aux mêmes conclusions, idem pour N-3, etc. Bref, l’information remonte petit à petit en détruisant tout sur son passage.

Mais qu’en est-il de la première civilisation ? La vrai, l’unique. Comme elle a créé des civilisations à son image, elle va réagir comme ces civilisations. Et si toutes les civilisations simulées meurent par incohérence du monde simulée, cette civilisation fera pareil, elle prendra toute l’énergie possible, créera le plus de simulateurs possible et en arrivera soit.

  • À la conclusion (comme ses simulations) qu’elle est une simulation (car plus de place pour créer des simulations indépendamment des lois qui gère la simulation).
  • À son autodestruction pour avoir tenté de transformer toute l’énergie de son monde en simulateur.

Conclusion, il est impossible pour une civilisation de se simuler elle-même sans s’autodétruire.

Et donc, si l’humanité veut savoir si elle est une simulation dans la chaine des simulations (probabilité qu’on soit la dernière est assez faible), elle doit essayer de simuler sa propre civilisation, de créer un simulateur qui simule une civilisation consciente qui va essayer elle-même se simuler.

  • Si elle n’y arrive pas, c’est qu’elle n’est pas une simulation.
  • Si elle y arrive, c’est qu’elle est une simulation.

Conclusion.

J’ai sommeil… bonne nuit.

Quelques liens.

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