J’ai connu la neige, la vraie. Combien de personnes peuvent en dire autant ? Combien de personnes ont connu ces journées où tout était bloqué, où les voitures n’avançent plus, où les feux rouges sont cassés et les gens se cassent la gueule sur le trottoir.
Car aujourd’hui nous n’avons plus de neige, seulement de la bouillie, de la pape humide qui tombe le matin et s’en va l’après-midi. Le manteau blanc nous a ainsi quittés pour tout jamais. La faute à qui ? Bonne question. Que cela soit le changement climatique, la mémoire sélective, ou bien même le lobbying antiblanc n’y changerait pas grand-chose en soi. Cette neige me manque et surtout le chaos qu’elle engendre me manque.
Dieu qu’il est cool de pouvoir sourir à ces idiots en bagnoles qui râlent parce que son n-1 dans la file ne démarre pas tandis que vous le dépasser au son du craquement de la neige sous vos pieds. Sans oublier le sourire aux lèvres que vous lui faites afin de lui faire comprendre qu’il a une vie merdique en ce moment. Que si vous vous êtes dehors, c’est parce que vous l’avez voulu et que si lui est dehors, c’est parce qu’il subit !
Quand il neigeait fort, j’allais à la gare Centrale. Non pas pour prendre le train (quoique), mais pour m’assoir au premier Starbucks-like venu et… regarder la cohue. C’est fascinant comme les gens énervés sont contagieux. Prenez une foule d’impatient, saupoudrez-la d’un zeste d’incompétence administrative, ajouter une graine de malveillance et le monde s’écroule. Une machine qui ne marche pas, ça s’énerve. Une personne qui dépasse, ça s’énerve. Une valise dans les escaliers, ça s’énerve.
Ca s’énerve, mais cela se retient. On voit tellement l’agacement interne, les soupires, les crispations qui tels des marmites sous pressions sont à deux doigts d’exploser.
Je crois que c’est ça qui me manque le plus dans l’absence de manteau blanc, le chaos qu’il engendre.
Je crois que j’aime le chaos, il me rassure.
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